Il est aujourd’hui reconnu scientifiquement que le stress (compétition, brimade, quête du perfectionnisme…) nuit aux apprentissages. Mais comment encourager son enfant sans tomber dans l’excès de bons sentiments ?
Votre enfant doit sentir que vous l’aimez pour ce qu’il est et non pas pour ses résultats
C’est une recommandation de Nathalie de Boisgrolliers, coach en parentalité et auteure de Heureux à l’école, ça commence à la maison. En effet, nous avons tellement tendance à critiquer et commenter tous les manquements de nos enfants, qu’ils peuvent légitimement penser que nous ne les trouvons jamais assez bien. Ainsi, gardons à l’esprit que notre amour pour notre enfant est indépendant de sa réussite scolaire, car prendre soin de sa personnalité est un des moyens d’accéder à une amélioration des apprentissages. Par exemple, on prendra en compte le caractère vivace d’un enfant pour lui faire faire des exercices debout ou en mouvement (comme écrire sur un tableau ou aller chercher des étiquettes à l’autre bout de la pièce). On complimentera d’abord un enfant contemplatif pour sa minutie avant d’essayer de remédier à sa lenteur.
Eviter les récompenses
La psychologie distingue deux types de motivations : la motivation intrinsèque et la motivation extrinsèque. La première découle d’un plaisir ou d’une satisfaction personnelle à effectuer une tâche (« J’aime faire des puzzles »), la seconde est obtenue par un renforcement extérieur (« Je vais faire ce puzzle parce que j’aurais un autocollant si je réussis. »). Ces renforcements peuvent diminuer significativement la motivation intrinsèque. Ainsi, un enfant qui ne fera correctement son travail que parce qu’il se saura récompensé (par de l’argent, par un cadeau…) perdra peu à peu son autonomie : il ne fera plus rien lorsqu’il sera livré à lui-même. Or, le but est bien de former un futur adulte responsable, capable de se placer volontairement sous contrainte s’il poursuit un objectif. Ainsi, gardons à l’esprit que le travail scolaire (et tout apprentissage) contient sa récompense en soi, c’est-à-dire la satisfaction de progresser et d’engranger des connaissances. Voyons comment cela peut se traduire dans notre discours.
L’art de complimenter
Les auteures de Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, proposent une approche tout à fait pratique de l’art de prodiguer des compliments. L’objectif n’est pas de dire à son enfant que tout ce qu’il fait est merveilleux et formidable. D’ailleurs, l’enfant lui-même finirait par avoir des soupçons sur votre sincérité ! Elles proposent deux approches :
Le compliment descriptif : au lieu d’ évaluer (« tu as écris un très joli texte »), décrivez les qualités du travail que vous présente l’enfant : « Tu as créé des personnages intéressants et on comprend bien par quelles épreuves passent le héros. En plus tu as utilisé le vocabulaire approprié ! ». C’est particulièrement vrai pour les évaluations. Décrire précisément la réussite de l’enfant (quelle que soit la note) permet de le conforter dans son sentiment d’efficacité. Ainsi, les critiques qui pourront survenir devront être également descriptives et constructives :« Tes opérations sont fausses car tu as oublié à chaque fois les retenues. Quel moyen tu pourrais utiliser pour ne pas les oublier la prochaine fois ? ».
Résumer en un mot : trouver la qualité qui caractérise une attitude permet à l’enfant de l’intégrer comme une composante positive de son caractère. Ainsi, pour complimenter un enfant qui a passé du temps à mémoriser ses mots, on peut lui dire : « Je remarque que tu as travaillé dur pour mémoriser tes mots. J’appelle ça de la persévérance ! ». De même lorsqu’il ramène bien ses cahiers pour étudier à la maison : « Tu fais bien attention à faire ton cartable en classe. Tu es très organisé ! ». Cette façon de complimenter nous rappelle de saisir les petites réussites du quotidien pour renforcer la confiance et l’estime de soi de son enfant.
Pour méditer sur la motivation intrinsèque à apprendre, une citation du philosophe Alain :
« Le signe du progrès véritable en toute action est le plaisir qu’on sait y prendre. D’où l’on voit que le travail est la seule chose délicieuse, et qui suffit. »
En bref:
- Les compliments renforcent la motivation de votre enfant
- Les compliments doivent être descriptifs et porter sur un point sur lequel l’enfant a une prise (effort, apprentissage…)
- Les récompenses peuvent, à la longue, nuire à l’autonomie de votre enfant