Le cadre scolaire est rigide, et, autant le poser tout de suite, ce sera à votre enfant d’y trouver son compte. « Il n’est pas motivé », « C’est malheureux, mais elle n’est pas scolaire. » Ces phrases traduisent le désarroi des parents face à un enfant qui ne cadre pas avec le prêt-à-penser scolaire. Les différents enseignants rencontrés, le climat de la classe, les projets…tous ces éléments ne dépendent pas de vous. Ce qui va dépendre de vous, c’est l’attitude qu’il est possible de proposer face à l’acte d’apprendre dans un lieu institutionnalisé. Comment cultiver la motivation chez son enfant ?
La motivation, un mécanisme inné ?
La motivation serait liée, dès les premiers temps de la vie,à la satisfaction d’un besoin (nourriture, sécurité…) et de sa curiosité : des expériences ont montré que des bébés de quelques mois manifestaient une grande capacité d’analyse de certaines situations « étranges », comme un personnage disparaissant derrière un écran noir, remplacé quelques minutes plus tard par un autre. Le temps d’arrêt et de surprise enregistré chez l’enfant montre qu’il a identifié un changement et conduit à son besoin de savoir « pourquoi », qui culminera vers ses quatre ans.
D’autres expériences montrent que des enfants engagés dans une activité sans autre récompense à la clé que de la réussir se montreront plus persévérants que des enfants à qui on a promis une récompense concrète. La conclusion est sans appel : on apprend avec plus de plaisir si on apprend pour l’acte d’apprendre.
Le sentiment d’efficacité personnelle et l’autodétermination
Le psychologue Bandura théorise la motivation comme « les évaluations par l’individu de ses aptitudes personnelles », autrement dit, ce n’est pas une mesure objective des capacités d’un individu mais sa croyance relative à ce qu’il est capable de faire. Il s’agit du SEP (sentiment d’efficacité personnelle) qui permet à un enfant de se fixer des défis réalistes ou, au contraire, de partir défaitiste sans raison objective apparente.
D’autres théories mettent en avant le principe d’autodétermination, c’est-à-dire l’engagement volontaire de l’enfant dans l’action. Inutile de dire que l’école est totalement en contradiction avec ce principe puisqu’elle est obligatoire. A l’enfant donc, de s’engager volontairement dans les activités proposées au sein de cette obligation pour en retirer de la satisfaction.
Si on combine ces deux théories, il faudrait donc que l’enfant ait une appréciation juste de ses compétences associées à une envie d’adhérer aux activités proposées pour entretenir une bonne motivation scolaire.
Le rôle de l’éducation dans l’entretien de la motivation
Que devons-nous faire, nous parents, pour cultiver cette motivation dite « intrinsèque » ? (cf « Comment encourager son enfant ? ») :
Cultiver le sens de l’effort dès le plus jeune âge : inciter son bébé à se déplacer, à reproduire des sons, manipuler finement…autant d’efforts à récompenser d’un mot gentil, d’un sourire, d’un câlin. Et ne pas arrêter ! Chaque tâche peut être l’occasion d’accomplir un geste qui renforce son sentiment d’efficacité : lacer ses chaussures, déchiffrer davantage de mots, lire un roman sans images…
Être force de proposition : éveiller son enfant à un maximum de domaines possibles ; assister à un match, voir un ballet, visiter un musée ou un atelier…autant de sorties agréables et pédagogiques.
Laisser l’enfant trouver ses propres centres d’intérêt : cet item semble en contradiction avec le précédent, mais à force d’aller au devant des besoins de l’enfant, on émousse sa curiosité et nos efforts sont contre productifs. Il faut pouvoir le laisser nous demander des activités ou des sorties.
élargir le cercle des personnes référentes : il n’y a pas que les parents ou les enseignants (ou internet) pour obtenir des informations. Inciter son enfant à demander conseil au bibliothécaire, interroger les commerçants du quartier sur leurs activités, solliciter les parents d’un copain sur un sujet spécifique…autant d’occasion de développer son autonomie et son plaisir d’apprendre.
Avoir un projet de réussite pour votre enfant : j’ai rencontré des parents qui, pris dans leurs préoccupations quotidiennes, avaient perdu de vue que leur enfant deviendrait un adulte et avait besoin d’être accompagné jusqu’à cet état d’indépendance. Avoir un projet pour son enfant, ce n’est pas lui définir une carrière toute tracée, ou reporter sur lui nos frustrations d’enfant. C’est vouloir qu’il devienne le meilleur de lui-même, dans son parcours singulier, avec l’aide des meilleurs parents qu’il aurait pu avoir : vous.
Remettre l’école à sa juste place : l’objet de ce blog est l’accompagnement à la scolarité. Pour autant, ce n’est qu’un aspect des apprentissages et des réussites de votre enfant. Valoriser ses réussites extra-scolaires, ne pas sur-investir les résultats scolaires et toujours, toujours mettre l’accent sur le processus plutôt que sur les résultats, pour entretenir son sentiment d’efficacité personnelle et lui permettre de toujours trouver du plaisir à apprendre à l’école.
Vous l’aurez compris, la motivation ne se décrète pas sur commande chez son enfant, elle se cultive avec lui depuis sa naissance et relève d’un équilibre délicat entre votre accompagnement et son expérience de la vie.