Quand arrive le moment de faire ses devoirs ou de réviser (ou de rédiger un rapport!), rares sont ceux qui vont s’y mettre sans rechigner et sans hésitation. Notre besoin de plaisir trouvera toujours de quoi nous détourner de nos obligations. Sauf que nous connaissons tous le prix à payer : insatisfaction, devoirs à faire qui s’accumulent, piètres performances en classe. Alors, entre jouer ou faire ses devoirs, comment aider nos enfants à prendre la bonne décision ? Voici 4 étapes pour un meilleur contrôle de soi.
Étape 1 : jouer ou faire ses devoirs ? Comprendre le mécanisme de contrôle
La psychologue Angela Duckworth et son équipe nous expliquent le cycle de la prise de contrôle lorsque nous sommes soumis à une tentation :
- Je suis dans une situation donnée.
- Mon attention est attirée par des éléments extérieurs.
- J’évalue si ces éléments valent la peine d’être pris en compte.
- Je prends la décision d’agir : je reviens à ma situation initiale ou je change mes objectifs en fonction de ces éléments.
À retenir : comprendre comment on garde le contrôle de soi lorsqu’on est distrait permet de mieux se maîtriser.
Si nous prenons un exemple, comme les notifications du téléphone portable, nous comprenons aisément que se faire happer par des éléments extérieurs revient à saper profondément notre volonté d’agir. Une fois arraché de notre décision initiale (se mettre au travail), nous rentrons dans un nouveau cycle de prise de décision, mais cette fois-ci, concernant nos notifications ! Pas très utile lorsqu’on a du travail ou des devoirs à faire, n’est-ce pas ?
Étape 2 : créer un environnement propice au travail et à la concentration
Le premier point sur lequel nous pouvons agir est notre environnement. Ainsi, il est plus facile de résister à une tentation si elle n’est pas sous nos yeux. Un environnement propice, c’est :
- un bureau avec uniquement le nécessaire pour travailler ;
- un téléphone banni de la pièce de travail ;
- des jouets ou jeux rangés et hors de vue ;
- un mur en face du bureau avec uniquement les éléments pertinents (tâches à effectuer ce jour, objectifs, etc.)
À retenir : agir sur notre environnement soutient notre volonté à travailler.
On doit aussi choisir le bon moment pour se mettre au travail. Est-il pertinent de programmer un travail difficile au moment où les frères et sœurs rentrent à la maison?
Le calme, voire le silence, participent aussi au maintien de notre volonté de travail. Voilà pourquoi il est si facile de travailler dans une bibliothèque : l’atmosphère y est studieuse et concentrée !
Étape 3 : transformer les devoirs en récompense
Le deuxième point consiste à considérer la tentation sous un jour nouveau. Le psychologue Didier Pleux évoque l’idée que le manque de concentration peut venir d’une absence d’objectifs à moyen et long terme. Résister à la tentation, c’est bien, mais travailler pour son projet d’avenir, c’est mieux. Faire ses devoirs parce qu’il faut le faire, c’est moyennement motivant, mais les faire pour obtenir un meilleur bulletin ou un meilleur dossier, c’est bien plus stimulant. Alors, aidons nos enfants à avoir un projet et à s’y tenir.
Ainsi, la tentation peut être minimisée (« Comparée à ce que je suis en train d’accomplir, cette notification peut bien attendre »), voire « ludifiée ». On peut se dire :
- « Les tentations sont des obstacles à franchir, pas des freins. »
- « Les distractions mettent à l’épreuve ma concentration, on va voir qui va gagner. »
- « Si je découpe cette tâche en petites étapes, je les accomplirai plus facilement et je me sentirai satisfait de moi plus souvent. »
À retenir : « jouer ou faire ses devoirs » ou « jouer à faire ses devoirs » ?
En effet, le cerveau obéira toujours au principe de plaisir et de récompense, mais en dédramatisant la distraction et en se mettant en position de défi, la récompense ne sera plus de jouer mais bien de faire ses devoirs.
Étape 4 : décider de ne plus décider !
Après avoir créé un environnement favorable au maintien de l’attention et avoir décidé que le travail accompli serait une récompense plus forte que la distraction, sommes-nous réellement à l’abri ? A. Duckworth suggère que non : en effet, le processus de résistance à la tentation serait peu fiable sur le long terme. Alors comment faire ? Mettre tout en place pour ne pas avoir à prendre de décision ! La psychologue témoigne de résultats de centaines d’études qui préconisent comme solution la mise en place d’habitudes et de routines qui nous permettent de faire sans y penser.
À retenir : ritualiser permet de se mettre à ses devoirs sans se poser de questions.
Ainsi, se créer un emploi du temps fixe, où l’on se met au travail à heures régulières, avec un petit rituel (« Je fais une caresse à mon chat, je goûte, je me mets aux devoirs) permet de « zapper » l’étape de prise de décision qui est la zone dangereuse pour la volonté. La planification des tâches et le découpage de tâches complexes en étapes plus simple est aussi un outil très puissant. La tentation n’en sera pas éliminée mais suffisamment réduite pour permettre de rester concentrer. Alors au travail !
Bonus : le rôle des parents dans la construction du contrôle de soi
Les parents ont un rôle considérable à jouer, un peu comme Jiminy Cricket avec la marionnette Pinocchio. Ce petit insecte est censé être la conscience du petit garçon de bois et lui rappeler les bons principes quand il s’apprête à mal agir. Ici, les parents jouent le même rôle : ils doivent s’assurer que l’environnement de travail est bien propice à la concentration, définir les règles du jeu (accès aux écrans, respect des horaires de travail), vérifier l’application de ces règles. L’autonomie, c’est savoir appliquer des règles à soi-même, et les enfants et les adolescents n’en sont pas encore capables sur tous les plans !
En bref : Jouer ou faire ses devoirs ? Les 4 étapes pour prendre la bonne décision
- Comprendre comment fonctionne le cycle de contrôle de la volonté nous permet de mieux nous contrôler.
- Créer un espace de travail propice à la concentration préserve notre volonté de travailler.
- Les devoirs peuvent devenir une récompense.
- Mettre en place des routines est plus efficace que de résister frontalement à la tentation.
Source : Cerveau & Psycho n°125 – Octobre 2020
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