La morosité, une fatalité ? Non, nous dit le professeur Michel Lejoyeux dans une interview publiée dans le magazine Cerveau et Psycho consacré à la psychologie de la motivation. Ce professeur de psychiatrie propose 4 pistes concrètes pour combattre l’abattement et réactiver le désir d’agir. « Et dans le domaine scolaire, quelles formes prendraient ces préconisations ? », me suis-je tout de suite interrogée. En effet, la crise sanitaire, le protocole et les contraintes dans les établissements scolaires ont pu émousser l’envie de s’investir dans les apprentissages. Comment retrouver le désir d’apprendre ?
Aider les autres
Le professeur Lejoyeux nous invite à activer un levier à la portée de tous pour sortir de la morosité : aider les autres.
Se montrer altruiste va stimuler l’envie de faire, de manière générale.
Proposez à votre enfant de rendre service. Cela n’aura que des bénéfices. Stimulé par les tâches à faire, il sera distrait d’une certaine rumination mentale. Mis en situation de responsabilité, il renforcera sa confiance en lui. Enfin, c’est une occasion indirecte d’apprendre : êtes-vous sûr que votre enfant sait lancer le lave-vaisselle ou trier les sous-vêtement ?
Quand on pense « rendre service », on songe tout de suite aux menues tâches ménagères. Pourtant, il y a d’autres manières de se rendre utile, en lien avec les apprentissages : lire une histoire au frère ou à la sœur plus jeune, l’aider à faire ses devoirs, lui montrer comment découper, etc. Autant de manières de rendre utile. Vous songez à votre petit dernier ? En maternelle, apparier les chaussettes, c’est un excellent exercice de tri ! En CE1/CE2, demandez-lui de compléter la liste des courses.
Vous l’aurez compris, il y a une multitude de petites tâches que votre enfant peut réaliser pour se mobiliser, aider les autres et raviver son désir d’apprendre.
Se programmer une activité qui a du sens
En ces temps de restrictions, votre enfant a peut-être souffert d’un manque d’activités extrascolaires. Or ces dernières sont nécessaires à l’épanouissement de votre enfant. À la fois structurantes et ludiques, les séances de sport ou d’art stimulent la créativité.
Pour retrouver le désir d’apprendre, le professeur Lejoyeux préconise de programmer une occupation qui a du sens une fois par semaine sur une période d’un mois minimum.
Votre enfant a un tempérament d’artiste ? Calez une séance de dessin, de peinture ou de collage dans son emploi du temps. Vous avez un petit sportif ? Vélo, badminton, corde à sauter, ballon, danse, etc. ce ne sont pas les pratiques qui manquent ! Histoires audio, jeux de société, ou yoga en famille, il n’y a pas de limites ! Le tout, c’est que cette activité résonne avec le caractère et les goût véritables de votre enfant. Dès la Moyenne Section, il peut la choisir lui-même. Le point très important est de respecter cette séance quoi qu’il arrive, même si votre enfant rechigne. Qui n’a jamais fait l’expérience de se forcer un peu à faire une chose qui nous a ensuite paru très gratifiante ? Soyez disponibles pour aider votre enfant à franchir ce cap.
Retrouver le désir d’apprendre : noter ses qualités et ses réussites
Le troisième exercice à faire une fois par semaine consiste à noter une de ses qualités.
Votre enfant, avec votre aide ou seul, consignera dans un carnet une de ses réalisations de la semaine et comment il l’a faite.
Le but est de chouchouter l’estime de soi, si importante dans le désir d’apprendre. Coucher sur le papier cette qualité, c’est réactiver l’envie de faire des choses bien, de s’améliorer.
Dans les moments de crise ou de baisse de régime, on a tendance à s’accabler et à ne se trouver que des défauts. Prendre rendez-vous avec soi pour se féliciter permet de contrecarrer cette tendance à l’autocritique. Ce petit rituel peut porter sur un fait de la vie quotidienne ou plus précisément sur une réussite scolaire. C’est une routine très précieuse pour les enfants qui ont l’impression de ne rien réussir et qui noircissent le tableau.
Exprimer de la gratitude
Le dernier exercice : dire « merci ». Il est prouvé que pratiquer la gratitude renforce le bien-être physique et émotionnel. Comment intégrer de la reconnaissance dans notre vie et celle de notre enfant ? Il s’agit d’un processus en deux étapes :
- Il faut reconnaître que l’on a reçu quelque chose ;
- Il faut admettre que ce que l’on a reçu vient d’une source extérieure : les autres, la vie.
Ensuite, on peut témoigner de ce que ce don a apporté à notre existence. Que l’on soit reconnaissant du soleil qui a réchauffé la journée ou du service que mon camarade m’a rendu en classe, l’objectif est de se focaliser sur des émotions positives.
Se montrer reconnaissant permet à notre enfant de prendre conscience de ses chances et de mesurer l’impact que les autres ont dans sa vie.
Les bénéfices ? Un stress moins accru, un sommeil de meilleure qualité, une meilleure vision de soi : bref, toutes les conditions favorables aux apprentissages.
En bref, pour retrouver le désir d’apprendre votre enfant peut :
- rendre service ;
- faire faire une fois par semaine une activité qui a du sens pour votre enfant ;
- noter ses qualité et ses réussites ;
- pratiquer la gratitude.
Vous êtes intéressé.e.s par la question de la motivation ? : Comment retrouver la motivation à la rentrée ?