Votre enfant est en Grande Section de maternelle et vous voyez qu’il commence à s’intéresser de près à l’apprentissage de la lecture. Il vous montre des lettres ou des mots qu’il reconnaît. Il vous demande de lire quelque chose pour lui ou fait semblant de déchiffrer le texte qu’il a sous les yeux. Vous vous demandez comment nourrir cet appétit sans risquer de tomber dans le piège du « parent-prof » ? Voici quelques points de repère pour aider votre enfant à bien démarrer en lecture.
Accordez une importance particulière au langage oral
Lorsque votre enfant entrera en CP dans le vif du sujet, toute son énergie cognitive sera absorbée par l’apprentissage du décodage. En effet, apprendre à lire, c’est s’entraîner à associer les sons (phonèmes) en syllabes, et les syllabes en mots. Or si un mot décodé n’a pas de sens pour l’enfant, tout ce travail de déchiffrage n’aura servi à rien. Comment l’enfant accède-t-il à la signification ? Par la richesse de son lexique oral.
Dans son livre 100 idées pour que tous les enfants sachent lire et écrire, Corinne Gallet pointe très justement du doigt ce phénomène. La richesse du vocabulaire, de la syntaxe et du langage d’évocation (= raconter un événement en tenant compte de l’absence des interlocuteurs à ce moment-là) sont primordiaux. Un enfant qui peut, lorsqu’il déchiffre le mot « navire », se représenter immédiatement un bateau dans sa tête accèdera à la magie de la lecture. Ainsi, pour aider votre enfant à entrer dans la lecture :
- utilisez le vocabulaire le plus précis possible ;
- faites raconter des anecdotes à votre enfant en lui posant des questions pour qu’il aille dans le détail ;
- corrigez ou reprenez avec bienveillance une tournure ou un usage mal employé par votre enfant.
Jouez avec les mots et les syllabes
Si l’apprentissage de la lecture passe d’abord par l’oral, les comptines et les jeux sur les mots aident considérablement notre enfant. Les chansons, avec leur rythme et leurs rimes permettent de fixer du vocabulaire et des tournures. Vous en trouverez dans le cahier que votre enfant ramène régulièrement de l’école, dans des livres CD, sur YouTube.
Quand vous devez patienter dans une file d’attente avec votre enfant, jouez aux rimes ou aux syllabes : « Si on trouvait tous les mots qui se terminent par le son « o » ? », « Combien il y a de syllabes dans le mot « pamplemousse » ? ». Décomposer les mots en syllabes facilite l’entrée dans la lecture.
Montrez à votre enfant le sens de lecture
Avant de lire une histoire, indiquez à votre enfant que vous allez lui montrer dans quel sens on lit. Montrez avec votre doigt où vous démarrez et à quel moment vous retournez à la ligne. Indiquez également que vos yeux suivent le même mouvement et que le sens de lecture reste semblable, même si vous lisez dans votre tête.
Expliquez que lire n’est pas raconter
Si votre enfant a des histoires préférées, il vous la réclamera soir après soir et finira certainement par la mémoriser. C’est l’occasion de distinguer « raconter » (ce qu’il va faire en prenant le livre sur ses genoux et en récitant le conte) et « lire ». Pour prouver que lire n’est pas raconter, vous pouvez gentiment lui demander de vous « lire » une autre histoire. Votre enfant va certainement rétorquer que celle-là, il ne sait pas la « lire » ! C’est alors qu’il faut rendre explicite le fait que savoir lire, c’est savoir déchiffrer n’importe quel texte, même celui qu’on ne connaît pas par cœur.
Apprentissage de la lecture : proposez à votre enfant de jouer à l’expert
Lire, c’est « extraire des informations visuelles de haute précision sur la ligne d’un texte », nous dit Stanislas Dehaene. Quand votre enfant joue au jeu des 7 erreurs ou à « Où est Charlie ? », il s’entraîne indirectement à lire. Pour aider votre enfant à entrer dans la lecture, vous pouvez aussi lui demander de jouer à l’expert : retrouver des lettres, des types d’écriture (différencier scripte ou cursive, minuscule ou majuscule) ou des syllabes ;
Ce jeu peut-être particulièrement utile pour les lettres b, p, d, et q qui ont la même forme mais des directions différentes en graphie minuscule scripte (= minuscule d’imprimerie).
Indiquez que le nom et le son de la lettre sont deux choses différentes
Un des pièges dans lequel peut tomber l’apprenti lecteur est d’assimiler le nom de la lettre et le son qu’elle produit : il va confondre le phonème et le graphème. Un exemple assez drôle est celui du « h » : du fait de son nom « ach », il va constituer la première lettre du mot « acheter » ! Pour éviter cette confusion, séparez bien nom et son de la lettre dans votre discours. La méthode des Alphas préconise de dire que le son de la lettre est son chant. Ainsi le « s » (« esse ») va chanter « sssss ».
Écrivez pour aider votre enfant à entrer dans la lecture
L’ apprentissage de la lecture et de l’écriture sont liées. C’est en essayant d’écrire et en vous regardant écrire que votre enfant va comprendre une foule de chose sur l’acte de lire. Chaque son doit être représenté, chaque lettre doit être à sa place pour composer un mot cohérent, une phrase est composée de mots séparés par un espace, etc. Toutes les occasions sont bonnes : signer un dessin, rédiger un mot pour accompagner un cadeau, établir la liste des courses, etc.
Bien sûr, écrire dans un contexte réel signifie rencontrer des notions compliquées pour un jeune enfant : « Pourquoi tu as écrit un « s » alors qu’on ne l’entend pas ? » Pas de panique, indiquez seulement à votre enfant que les mots ont une forme propre et qu’il apprendra leur orthographe au fur et à mesure, même quand il sera beaucoup plus grand !
Le lien qui suit vous mènera aux préconisations officielles.
Pour aller plus loin : Aimer la lecture en famille, Le langage, porte d’entrée de la lecture (3-6 ans)